Je vous présente ma dernière série de portraits intitulée « Cosmic Berber ». Ces œuvres ont été réalisées à la peinture à l’huile sur toile.
Cette petite série de trois œuvres représente pour moi une occasion unique de rendre hommage à la riche culture berbère, issue des tribus ancestrales qui ont peuplé mon pays natal, le Maroc. Ces peintures célèbrent également l’héritage d’un grand artiste qui continue de m’inspirer, Jean Giraud alias Moebius, qui, de son temps, mêlait déjà fantastique, surréalisme et ambiance désertique.
La culture berbère
En tant que natif du Maroc, mes origines s’enracinent entre le peuple Amazigh – plus connu sous le nom de Berbère – et le peuple Arabe. Contrairement au raccourci souvent utilisé en Europe pour désigner les Nord-Africains d’arabe, ces individus résultent d’un métissage entre deux peuples. Les Arabes ont conquis l’Afrique du Nord et introduit l’islam. Par la suite, on a assisté à l’émergence de nations amazigh musulmanes arabisés.
Loin de moi l’idée de vous donner un cours d’histoire, sachant que je risquerais certaines imprécisions. Néanmoins, j’évoque la culture berbère car j’y puise une partie de mon inspiration. Une chose qui m’a toujours marqué est le visage tatoué de mes grands-mères et des vieilles dames au Maroc. J’ai compris par la suite que c’est une tradition berbère, où le visage des femmes était orné de tatouages. Ces tatouage étaient résérvés exclusivement aux femmes. Ils servaient à embellir le corps de la femme et à affirmer un certain statut social. On leur attribuait également des fonctions magiques, comme la protection contre le mauvais sort ou des vertus thérapeutiques. Ces peuples étaient également porteurs de traditions mystiques qui ont continué de perdurer, c’est pourquoi on retrouve souvent des tatouages sur le visage des personnages que je peins.
Moebius comme source d’inspiration
Jean Giraud, alias Moebius, malheureusement décédé en 2012, est l’un des dessinateurs français majeurs du XXe siècle, reconnu à travers le monde entier. Il a principalement publié des bandes dessinées de science-fiction sous le nom de Moebius. Il est également l’un des fondateurs de la maison d’édition Les Humanoïdes Associés, qui a publié le magazine Métal Hurlant. Il a participé à la production de « Dune » de Jodorowsky aux côtés de Giger et d’autres artistes majeurs, bien que le film n’ait jamais vu le jour.
Au cours de sa vie, Moebius a effectué un séjour chez sa mère vivant au Mexique, puis a accompli son service militaire en Allemagne et en Algérie. Ces voyages ont fortement influencé son travail artistique.
Selon moi, Moebius incarne l’artiste qui réunit toutes les qualités que j’aimerais manifester en tant qu’artiste. Son univers résonne à travers tout mon être. Il possède un style graphique distinct, exprimant un jeu de couleurs vives et des compositions uniques. Ce qui me plaît par-dessus tout dans son travail, c’est le mariage entre les peuples du désert et la science-fiction. Son implication dans la production de Dune en 1975 semble une évidence. On retrouve de nombreuses similitudes entre mes inspirations et ses œuvres à travers le travail des formes. J’aime jouer avec des formes organiques pour apporter davantage de volumes et de profondeur à mes compositions, tout en créant une atmosphère d’apesanteur et de flottement. La dimension mystique, métaphysique et métamorphique est également très présente dans son œuvre.