Apprendre à dessiner ? Ce que tout le monde devrait savoir

Introduction

Apprendre à dessiner c’est apprendre à observer, mais encore faut il apprendre à observer de la bonne manière .. Au fil des années, j’ai cru avoir une vision parfaite, comme beaucoup d’entre nous. Je veux dire, je n’ai aucun problème majeur de vue et je ne suis pas daltonien. Pourtant, la découverte d’un ouvrage, « Dessiner grâce au cerveau droit » de Betty Edwards, a profondément remit en cause cette certitude. Comme Neo faisant le choix de la pilule rouge, ce livre m’a ouvert les yeux sur l’ampleur de mes limites visuelles et sur la puissance du dessin pour les transcender.

Nos capacités visuelles sont très limitées

Comme énoncé précédemment, s’il y a bien une chose à retenir : apprendre à dessiner, c’est avant tout apprendre à observer. La distinction entre un grand artiste et nous réside moins dans nos mains que dans nos cerveaux. Il n’est pas nécessaire de faire preuve d’une agilité ou d’une dextérité particulière pour dessiner. La différence se situe dans notre perception. L’artiste voit le monde d’une manière singulière, une perception qui nous échappe souvent et que nous associons souvent au talent mystérieux. Pourtant, intégrer la pratique du dessin dans notre quotidien peut être extrêmement bénéfique.

La plupart des individus arrêtent de dessiner vers l’âge de 10 ans. Betty Edwards parle de dyspictorie, l’équivalent de la dyslexie pour le langage visuel. Difficile à estimer le nombre d’individus concernés, mais beaucoup d’adultes dessinent encore comme des enfants. Le dessin est une pratique assez instinctive dès le plus jeune âge. Cependant, durant le cursus scolaire, lorsqu’on arrive au collège, le temps de matière n’est plus équilibré comme en primaire. Certaines matières ont un coefficient plus important que d’autre et la seule heure d’art plastique par semaine devient le dernier de nos soucis. Sans parler des professeurs d’art plastique n’ayant pas réellement appris à dessiner ou de notre attention visuelle de plus en plus fragile. Cette négligence et lacune a un impact bien plus important que vous ne pouvez imaginer.

Pourquoi apprendre à dessiner

Le dessin est la forme de langage non-verbal et visuel la plus simple et facile d’accès. Vous pouvez développer vos capacités avec d’autres arts visuels comme la sculpture ou la photographie, néanmoins le matériel nécessaire est plus contraignant.

Le dessin est partout dans notre vie. L’écriture, souvent mit en opposition au dessin, n’est qu’une déclinaison de celui-ci, chaque lettre est un symbole représentant un son. Les hiéroglyphes en sont un exemple plus marquant.

Il n’est pas question de devenir artiste en apprenant à dessiner, tout comme on ne prétend pas à être écrivain en apprenant à écrire. Pourtant une bonne expression écrite et oral facilite notre vie quotidienne et professionnelle.

Le dessin ne se limite pas à l’expression artistique , il englobe une multitude d’autres aspects. C’est pourquoi je préfère explorer les nombreux autres avantages qu’il offre.

Soyez également rassuré quant à l’apprentissage du dessin : il n’est jamais trop tard pour intégrer cette compétence, et il n’est pas nécessaire d’y consacrer des heures chaque jour. Seulement 20 minutes quotidiennes peuvent déjà faire une différence notable. Tout comme personne ne s’attend à ce que vous parliez couramment anglais lorsque vous commencez à apprendre la langue, personne n’attend de vous que vous deveniez un artiste accompli dès le début. De plus, vous êtes libre de garder votre pratique du dessin pour vous-même, sans aucune obligation de la partager avec le monde extérieur.

L’ultime façon d’apprendre à dessiner

Ceci étant dit, comment apprendre efficacement à dessiner ? Et comment développer nos capacités visuelles à travers cette pratique ?

Betty Edwards a mis au point dans son livre une méthode d’apprentissage basé sur les neurosciences. Ce livre, datant de 1979, se base sur les découvertes de ses contemporains aux sujets des différentes fonctions cognitives attribuées aux deux hémisphères du cerveau. Loin de moi d’être un spécialiste en neuroscience, schématiquement, il existe deux modes de pensées. Le mode G et le mode D, ceux-ci n’étant pas forcément attribués à des zones précises de chaque hémisphère cérébral. Pour simplifier, le mode G est le mode de pensée analytique, séquentielle et rationnelle. Le mode D est le mode intuitif, visuel, spatial et émotionnel. Vous l’aurez deviné, apprendre à dessiner nécessite de faire appel au mode D, et par cercle vertueux, apprendre à dessiner développe votre mode D.

La science, le matérialisme et la rationalité se sont imposés comme mode de pensée prédominant dans nos sociétés modernes. Le mode G a donc prit le dessus sur nos méthodes malgré la mise à l’honneur actuelle de l’intuition et de l’intelligence émotionnel. Ce mode de pensée entrave votre capacité à exploiter pleinement vos facultés visuelles.

Voici des exemples très concrets :

Un cube est composé de six faces carrées, voici une observation rationnelle. Cependant, lorsque vous dessinez ce cube en 3D sur une surface plane, les faces latérales ne sont plus du tout carrées. De même, lorsqu’un enfant dessine des yeux sous forme de ronds ou de points, cela ne correspond pas à la réalité tridimensionnelle des yeux. Un autre exemple : en regardant une peinture, il peut sembler rationnel de dire que la peau est beige, mais en réalité, elle contient des nuances de gris, d’orange, de rouge et de bleu. Cela démontre à quel point nous nous attachons à représenter ce que nous savons plutôt que ce que nous observons réellement.

Betty Edwards, à travers sa méthode d’apprentissage, nous explique devoir désactiver le mode G en dessinant pour profiter de notre vision et prendre conscience de nos réel capacités visuels. Pour ça, il faut réaliser une tâche inadaptée pour le mode G. Par exemple, réaliser un portrait à l’envers. En procédant ainsi vous vous détachez des préjugés visuels du mode G vous permettant d’identifier les éléments du visage comme le nez, la bouche, etc. comme une simple combinaison de forme.

Une autre technique consiste à se concentrer sur les espaces négatifs. Lorsque vous dessinez un arbre par exemple, vous cherchez à isoler et à dessiner les formes extérieures à l’arbre jusqu’à qu’il apparaisse de lui-même sur la feuille sans avoir à vous concentrer sur l’arbre en question.

espaces negatifs dessin

Progresser en dessin, ce n’est pas seulement progresser sur la feuille de papier, c’est aussi un développement intellectuel et intuitif. Après avoir accumulé des milliers d’heures de pratique, j’ai constaté une chose, on ne progresse pas légèrement à chaque fois qu’on dessine un sujet, mais on essaie de le dessiner jusqu’à réellement le voir comme il est. Le déclic est instantané. La progression ne se fait pas graduellement, mais par paliers, comme si tout faisait sens en un instant. Le processus d’apprentissage du dessin échappe aux mots pour cette raison.

Je vous encourage à vous procurer le livre si vous souhaitez approfondir vos connaissances ou à faire des recherches sur Internet.

Jusqu’à présent, j’ai parlé de l’observation nécessaire pour dessiner. Certains pourraient prétendre dessiner d’imagination en faisant abstraction de la réalité. Cependant, c’est une idée fausse. Ce que nous prenons souvent pour de l’imagination est en fait un produit de notre mémoire. Aucune forme ou couleur n’a été créée par l’homme et n’existe pas déjà dans la nature. La véritable créativité humaine réside dans notre capacité à combiner des formes et des couleurs de manière inédite. Donc, au lieu de faire abstraction de la réalité, il faut l’utiliser à notre avantage comme base créative.

Une nouvelle vision plus claire et plus riche

Apprécier la beauté de notre monde n’est ni inné, facile ou évident. Cela demande un effort et une attention soutenue. Chaque jour, notre cerveau est bombardé par une multitude de données, ce qui rend impossible l’examen détaillé de chaque instant. Habituellement, nous utilisons des mots pour identifier et nommer les objets qui nous entourent pour nous faciliter la vie.

Le dessin offre une opportunité unique de prendre le temps de contempler notre environnement, une pratique que nous négligeons souvent. En dessinant simplement un arbre, celui-ci se transforme en une profusion de feuilles, de couleurs et de formes variées, influencées par le soleil, le lieu et la saison. Chaque arbre devient unique lorsque nous prenons le temps de l’observer attentivement. Tout comme un fin gourmet, ayant un palet entrainé, apprécie les subtilités des saveurs, nous pouvons découvrir la véritable richesse de notre monde en ouvrant simplement les yeux.

Certains élèves de Betty Edwards ont témoigné : « La vie semble tellement plus riche, à présent. Je n’avais jamais réalisé combien il y a de choses à voir, et combien elles sont belles. ».

Conclusion

Pour vous dire à quel point, cet apprentissage a été si précieux pour mon développement artistique, j’ai fait du cerveau ma marque distinctive et ma signature. Apprendre à dessiner m’a vraiment permis de percevoir le monde sous un nouvel angle, et chaque jour, je me sens privilégié de pouvoir savourer toute cette beauté. J’espère sincèrement vous inviter à la découvrir à votre tour.